Permaculture, jardin forêt ? Fenêtre ouverte sur le jardin du Presby’Terre (49)

Les Semences de l’Ombelle ont accueilli Marc Butruille, au titre des Cigales (Club d’investissement dans l’économie sociale et solidaire), nouvel associé extérieur des Semences depuis janvier 2024.

Pour mieux se connaître, il nous a ouvert son jardin au mois de juin dernier. Ensemble, nous avons cheminé dans cet écrin de verdure où tout est pensé pour être à la fois beau, pratique et source de vie. Marc nous a ainsi présenté son activité de formateur à la permaculture.

Nous souhaitons, par ce petit article, partager dans les grandes lignes quelques principes et astuces qu’il nous a généreusement présentés et qui sont garants de la réussite d’un jardin nourricier.

Observer le fonctionnement de son jardin

La qualité essentielle à développer pour débuter et progresser au jardin est l’attention. Le premier principe de la permaculture, selon le fondateur David Holmgren, est de savoir observer et interagir.

Lorsque l’on entreprend l’aménagement d’un potager il faut commencer par analyser le fonctionnement du lieu, ce qui peut se résumer en quelques questions essentielles : comment mon jardin est-il exposé, au soleil, à la pluie, au vent, au froid… Quel est mon type de sol, plutôt sableux ou argileux, calcaire ou acide… quelles sont les ressources et les éléments influents déjà présents, arbre, muret, point d’eau… qu’est-ce qui pousse naturellement ou pas selon les différentes zones du jardin… ?

Une fois cet état des lieux établi, place à l’enthousiasme de se lancer dans l’aménagement de l’espace. Si certains se remontent les manches sans passer par la réalisation d’un croquis du futur jardin, il peut être judicieux de prendre le temps de délimiter certaines zones en fonction des usages que l’on souhaite en faire. Ainsi, avant de nous inviter à entrer dans son potager conçu tout en rondeurs, Marc nous partage ce conseil : tout d’abord se réserver un coin compostage, où viendront s’accumuler et se dégrader progressivement toutes les ressources dont on dispose (tonte d’herbe, taille d’arbustes, fumiers d’origine animale, feuilles d’arbre à l’automne, bref tout ce qu’on appelait auparavant “déchets”) qui se transformeront en terreau demain. Il nous présente en passant les indispensables acteurs de ce compostage, les fameux vers de terre, et la façon d’en prendre soin.

Mesurer l’importance de l’interdépendance des êtres vivants

Dans le jardin du Presby’ Terre, on peut également observer et échanger sur le sujet des associations de cultures et la notion d’équilibre au jardin. Prenons le cas connu de la capucine qui attire une armée de petites guêpes parasitoïdes et de coccinelles qui réguleront les populations de pucerons tout au long de la saison de culture. Citons également les œillets d’inde qui, cultivés aux pieds des tomates, jouent un rôle de protection contre les nématodes (ravageurs des racines). Ou encore le lin entre les rangées de pomme de terre pour éviter les doryphores !

Tout en déambulant au milieu des espaces cultivés, nous constatons de concert que la recherche du point d’équilibre au jardin passe aussi par le fait de respecter les “ravageurs” tels que les chenilles, limaces et escargots… indispensables à l’alimentation durable des auxiliaires du jardin que sont les mésanges, lézards, crapauds, hérissons, pour ne citer que les plus connus.

En se disant bien qu’il n’y a pas de remède miracle contre les limaces si ce n’est essayer de maintenir cet équilibre ! Et que parfois certains jardiniers malavisés en faisant disparaître brutalement une population de ravageurs entraînent inévitablement la disparition de sa faune auxiliaire, et notamment les hérissons, espèce en danger !

Comprendre que la diversité est la base de la réussite au jardin potager

Pour générer une situation favorable à cet équilibre tant recherché et ainsi ne pas souffrir d’une trop forte pression de ravageurs, quelques astuces peuvent être facilement intégrées au potager.

La plus évidente et peut être aussi la plus esthétique est la culture de fleurs annuelles et vivaces intégrées entre les plantes potagères. Elles attirent de nombreuses espèces d’insectes, abeilles, osmies, guêpes, syrphes, chrysopes indispensables à la pollinisation et donc à la production légumière !  A noter que selon les familles de plantes à fleurs, astéracées, fabacées, lamiacées… on observe des préférences chez les insectes butineurs. Plus on apporte de diversité de cultures, plus on attire d’espèces différentes au sein de la faune auxiliaire. A titre d’exemple, l’abeille charpentière adore les fleurs de pois de senteurs ou de sauge quand certains syrphes n’y trouveront aucun intérêt, ces derniers préférant butiner méthodiquement les fleurs de carotte, d’aneth ou de fenouil. Sans oublier les engrais verts et notamment la phacélie, dont Marc est un fan inconditionnel.

De la couleur pour la beauté du lieu, et de la verticalité avec des plantes grimpantes : Ipomées en mélange de couleurs ou encore capucines grimpantes…

Gite et couvert pour la biodiversité

Pour les grands jardins, la plantation d’arbres fruitiers ou d’arbustes à fleurs intégrée aux zones potagères vient encore enrichir le lieu en apportant une diversité supplémentaire de familles botaniques.

En plus des fruits, ils fournissent, par leurs branches, des perchoirs pour les oiseaux gourmands d’insectes et par leur feuillage l’ombre aujourd’hui indispensable dans un jardin potager !

Après le couvert, il faut penser au gîte pour loger toutes ces petites bêtes et espérer les voir se multiplier et s’installer durablement. Parmi les solutions les plus répandues (hôtel à insectes, tas de bois mort ou de cailloux…), la constitution d’une haie sèche semble être un aménagement très intéressant pour accueillir les auxiliaires.

Gratuite, durable, utile à de nombreuses espèces et facile à mettre en œuvre, la haie sèche constituée d’un empilement régulier de branches d’arbre et d’arbuste peut facilement trouver sa place dans un petit coin du jardin.

Marc est d’ailleurs bien placé pour en témoigner puisqu’il l’expérimente depuis plusieurs années.

Cet article dévoile une petite part des trésors de connaissances et savoir-faire applicables au jardin.

Pour découvrir de nombreuses autres astuces, échanger sur les succès et les écueils d’une pratique éclairée de la permaculture et s’offrir une parenthèse de bienveillance, Marc organise, en automne et au printemps, quelques précieux stages : Dates & contenu. Un lieu inspirant en total respect de la Nature…

Share the Post: